Profil du pervers narcissique

moderateuraepr Par Le 12 juil 2008 0

Dans - actualités 2008

Ruses, stratégies et tactiques des pervers narcissiques

Le pervers a en général beaucoup d’imagination, et il est difficile de recenser, ici, les milliers de ruses et tactiques, dont il dispose dans son arsenal.

Séduction, jeu sur les apparences

Contrairement au pervers de caractère, qui irrite son entourage par ses revendications et nie radicalement l’autre, le pervers narcissique, lui, réussit à créer un élan positif envers lui. Comme toute personne manipulatrice, il sait se rendre aimable.

Il change de masque suivant les  besoins, tantôt séducteur paré de toutes les qualités, tantôt victime faible et innocente. Il a un souci scrupuleux des apparences, donnant le plus souvent l’image, valorisante pour son ego, d’une personne parfaite, image qui cache son absence d’émotion, d’amour, de sincérité et d’intérêt pour tout ce qui n’est pas lui. Il ne s'intéresse pas à la réalité, tout est pour lui jeu d'apparences et de manipulation de l'autre.
Il excelle à susciter, amplifier et faire alterner chez l'autre regrets et peurs.

Dissimulation

Le pervers agit à l’abri des regards. Les maltraitances sont rarement sous le feu des projecteurs, mais plutôt perpétrées dans le secret des alcôves. Les pervers sont les professionnels de la double vie et de la double personnalité.

Mimétisme

Ce sont de véritables caméléons, aptes à mimer les attitudes et les paroles de son interlocuteur pour susciter  chez lui l'illusion d'un accord parfait, d'une entente exceptionnelle qui ne cesse de s'approfondir. Le mimétisme est d’ailleurs l'une des techniques employée par la Programmation neuro-linguistique.

Diviser, cloisonner ses relations

Par prudence, il divisera et cloisonnera ses relations, afin qu’on ne puisse pas recouper ses mensonges ou que ses victimes ne risquent pas de se s'allier contre lui. Sa technique, dans ce domaine, finit par être magistrale.

Vous encenser pour mieux vous couler

Il commence par vous encenser. Vous êtes le meilleur, le plus doué, le plus cultivé… Personne d'autre que vous ne  compte pour lui (il n'hésite d'ailleurs pas à dire la même chose successivement à plusieurs personnes). Ces éloges et ces protestations d'attachement lui permettent de mieux « vous couler » ensuite en jouant sur l'effet de surprise,  et de vous atteindre d'autant plus que vous ne vous attendiez pas à l'attaque et qu'il a en outre pris soin de choisir précisément le moment où vous pouviez le moins vous y attendre.

Se valoriser sans cesse et dévaloriser l’autre

Les narcisses cherchent à évoluer sous les feux de la rampe, à choisir des situations où d'autres pourront  les admirer. Ils veulent capter l'attention de leurs semblables qu'ils considèrent, par ailleurs, comme de simples faire-valoir, victimes potentielles qu’ils n'hésiteront pas à critiquer en public, souvent insidieusement.

Le principe d’autorité

 Il utilise son pouvoir de séduction, ses talents de comédien, son apparence de sérieux, toutes les facettes de ses « personnalités » pour s'imposer. Il aime arrêter toute discussion par quelque phrase définitive, utilisant le principe d’autorité : « Je suis malade ! », ou bien « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ! », « Je ne peux pas  discuter avec toi pour l’instant, tu vois bien que je suis pris ».

L’induction  (suggérer l’idée à l’autre)

La grande force du pervers  narcissique est l'art de l'induction. Il s'applique à provoquer chez  l'autre des sentiments, des réactions, des actes, ou, au contraire, à les  inhiber. Il fonctionne en quelque sorte comme un magicien maléfique, un  hypnotiseur abusif, utilisant successivement injonctions et séduction. Evitant  d'exprimer à l'autre ce qu'il pense, de l'éclairer sur ses intentions, il  procède par allusion, sans jamais se compromettre. Pour mieux duper, il suscite  chez l'autre un intérêt pour ce qui va faire l'objet de la duperie, qu'il va  rendre aussi alléchant que possible sans jamais en parler ouvertement. Etalant  connaissances, savoir, certitudes, il va pousser l'autre à vouloir en savoir  plus, à convoiter l’objet en question et à exprimer son désir de se l’approprier.

Il procède de la même façon s’il a  l'intention a priori de refuser quelque chose. L'autre, qui n'avait pas l'idée  de demander quoi que ce soit, va se sentir pris à contre-pied sans savoir  exactement pourquoi : il se promettra alors de ne jamais demander quelque chose,  il doutera de sa propre honnêteté, ou même se sentira suspect, entrant  inconsciemment dans le jeu du pervers narcissique. Ce dernier, pour prendre  l'ascendant sur sa « victime », assortira volontiers son discours d'un message  moralisateur et s'affichera comme un être « noble et pur », contraignant l'autre  qui ne veut pas être repoussé à s'identifier à cette morale, que cela soit dans  l’acceptation ou le refus de la chose suggérée.

Faisant parler le pervers  narcissique, Alberto Eiguer écrit : « Il faudrait que vous agissiez de sorte  qu'il ne reste aucun doute que vous êtes moi... et que tout ce que vous faites,  dites ou éprouvez, confirme que je suis le seul, moi, le plus grand et cela même  au prix de votre propre disqualification ». On touche ici au fondement de  l'induction narcissique.

Contradictions ou  contradictions apparentes

Un jour, relâchant sa vigilance,  content et fier de son coup, le pervers narcissique pourra même se vanter auprès de tiers auxquels il prête ses propres pensées, de son succès, l'autre l'avait  mérité, puisqu’il « n'avait qu'à ne pas être si bête et si naïf ».

Mais même quand les contradictions  de son comportement éclatent semant alors le doute sur sa personnalité, ses intentions ou sa sincérité, il parvient le plus souvent à rattraper ses erreurs  et à restaurer la belle image de lui-même qu'il a laissée se fissurer par manque  de prudence. Il affirmera alors, par exemple, qu’il a plaisanté et qu’il ne
cherchait qu’à tester son interlocuteur.

 La plupart du temps, on lui  pardonnera malgré tout, parce qu'il sait se rendre sympathique et surtout parce qu’il a toujours une explication pour justifier un comportement soudain  contradictoire. L’erreur « désastreuse » sera mise sur le compte d’une faiblesse  momentanée, d'une fatigue, d’un surmenage, d’une maladie. Finalement, on se dira que toute personne « parfaite » est faillible.

« Le pervers narcissique, […] aime  la controverse. Il est capable de soutenir un point de vue un jour et de  défendre les idées inverses le lendemain, juste pour faire rebondir la  discussion ou, délibérément, pour choquer. » (Marie-France Hirogoyen, Le  Harcèlement moral, page 108)

 Emploi de messages  paradoxaux

 Le pervers narcissique se complaît  dans l'ambiguïté. Par ses messages paradoxaux, doubles, obscurs, il bloque la communication et place sa victime dans l'impossibilité de fournir des réponses  appropriées, puisqu'elle ne peut comprendre la situation. Elle s'épuise à  trouver des solutions qui seront par définition inadaptées et rejetées par le pervers dont elle va susciter les critiques et les reproches. Complètement  déroutée, elle sombrera dans l'angoisse ou la dépression (voir Marie-France  Hirigoyen, « Le Harcèlement Moral », « La communication perverse », p.  111).

Calomnies et insinuations

 « Calomniez, calomniez, il en  restera toujours quelque chose ! » (Beaumarchais).

 Le pervers narcissique a le talent  de diffamer sans avoir l’air d'y toucher, prudemment, en donnant l’apparence de l’objectivité et du plus grand sérieux, comme s’il ne faisait que rapporter des  paroles qui ne sont pas les siennes. Souvent il ne porte pas d’accusation  claire, mais se contente d'allusions voilées, insidieuses. À la longue, il  réussira à semer le doute, sans avoir jamais prononcé une phrase qui pourrait le  faire tomber sous le coup d’une accusation de diffamation.

 Il usera du pouvoir de la répétition  et ne cessera pas de semer le doute sur l’honnêteté, sur les intentions de  l’adversaire qu'il veut abattre s'appuyant sur la tendance humaine à croire «  qu’il n’y a pas de fumée sans feu ».

Fausse modestie

 Lors de l’utilisation de la  technique de l’induction (voir plus haut), il se présente bien volontiers comme  une personne modeste, n’osant pas proposer ses solutions ou l’objet de sa  duperie (l’appât), l’objet qu’il veut soumettre à la convoitise de  l’autre.

Comme un rusé paysan, il est capable  parfois de se faire passer pour bête et naïf, prêchant le faux pour savoir le  vrai. Un très bon moyen de guerre psychologique pour tirer les vers du nez d’une  personne trop pleine de certitudes.

Confusion des limites  entre soi et l'autre

 Le pervers narcissique n'établit pas  de limites entre soi et l'autre. Il incorpore les qualités de l'autre, se les  attribue pour pallier les faiblesses de sa véritable personnalité et se donner  une apparence grandiose. Ces qualités qu'il s'approprie, il les dénie à leur  véritable possesseur, cela fait partie intégrante de sa stratégie de la  séduction. « La séduction perverse se fait en utilisant les instincts  protecteurs de l'autre. Cette séduction est narcissique : il s'agit de chercher  dans l'autre l'unique objet de sa fascination, à savoir l'image aimable de soi.  Par une séduction à sens unique, le pervers narcissique cherche à fasciner sans  se laisser prendre. Pour J. Baudrillard, la séduction conjure la réalité et  manipule les apparences. Elle n'est pas énergie, elle est de l'ordre des signes  et des rituels et de leur usage maléfique. La séduction narcissique rend confus,  efface les limites de ce qui est soi et de ce qui est autre. On n'est pas là  dans le registre de l'aliénation - comme dans l'idéalisation amoureuse où, pour  maintenir la passion, on se refuse à voir les défauts ou les défaillances de  l'autre -, mais dans le registre de l'incorporation dans le but de détruire. La  présence de l'autre est vécue comme une menace, pas comme une complémentarité. »
(Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement Moral, p. 94).

 Utilisation  de fausses vérités énormes ou crédibles

 La communication perverse est au  service de cette stratégie. Elle est d'abord faite de fausses vérités. Par la  suite, dans le conflit ouvert, elle fait un recours manifeste, sans honte, au  mensonge le plus grossier.

 « Quoi que l'on dise, les pervers  trouvent toujours un moyen d'avoir raison, d'autant que la victime est déjà déstabilisée et n'éprouve, au contraire de son agresseur, aucun plaisir à la  polémique. Le trouble induit chez la victime est la conséquence de la confusion  permanente entre la vérité et le mensonge. Le mensonge chez les pervers narcissiques ne devient direct que lors de la phase de destruction, comme nous  pourrons le voir dans le chapitre suivant. C'est alors un mensonge au mépris de  toute évidence. C'est surtout et avant tout un mensonge convaincu qui convainc  l'autre. Quelle que soit l'énormité du mensonge, le pervers s'y accroche et  finit par convaincre l'autre. Vérité ou mensonge, cela importe peu pour les  pervers : ce qui est vrai est ce qu'ils disent dans l'instant. Ces  falsifications de la vérité sont parfois très proches d'une construction  délirante. Tout message qui n'est pas formulé explicitement, même s'il  transparaît, ne doit pas être pris en compte par l'interlocuteur. Puisqu'il n'y  a pas de trace objective, cela n'existe pas. Le mensonge correspond simplement à  un besoin d'ignorer ce qui va à l'encontre de son intérêt narcissique. C'est  ainsi que l'on voit les pervers entourer leur histoire d'un grand mystère qui  induit une croyance chez l'autre sans que rien n'ait été dit : cacher pour  montrer sans dire. » (Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral, page  94)

 Il use d'un luxe de détails pour  éteindre la vigilance de ses proches. « Plus le mensonge est gros, plus on a  envie d'y croire. »

Se poser en victime

 Lors des séparations, les pervers se  posent en victimes abandonnées, ce qui leur donne le beau rôle et leur permet de  séduire un autre partenaire, consolateur.

 Il peut se faire passer pour faible,  pour le « chien perdu sans collier », prendre la mine de chien battu, les yeux  tristes, dont voudront alors justement s’occuper les femmes maternelles,  dévouées, celles ayant une vocation de dame patronnesse, celles n’existant que  par le dévouement à autrui, celles qui deviendront souvent leurs future victime.  Cela afin de mieux faire tomber dans ses filets

Il a d’ailleurs un talent fou pour  se faire passer pour une victime. Comme il a un talent fou, pour se faire passer  pour malade ou irresponsable ou tirer profit d’une maladie (imaginaire ou  réelle), d’un accident, user ou abuser d’un handicap réel etc.

Création d’une  relation de dépendance

L'autre n'a d'existence que dans la  mesure où il reste dans la position de double qui lui est assignée. Il s'agit  d'annihiler, de nier toute différence. L'agresseur établit cette relation  d'influence pour son propre bénéfice et au détriment des intérêts de l'autre. «  La relation à l'autre se place dans le registre de la dépendance, dépendance qui est attribuée à la victime, mais que projette le pervers [sur l’autre]. A chaque  fois que le pervers narcissique exprime consciemment des besoins de dépendance,  il s'arrange pour qu'on ne puisse pas le satisfaire : soit la demande dépasse  les capacités de l'autre et le pervers en profite pour pointer son impuissance  [celle de sa victime], soit la demande est faite à un moment où l'on ne peut y  répondre. Il sollicite le rejet car cela le rassure de voir que la vie est pour  lui exactement comme il avait toujours su qu'elle était » (Marie-France  Hirigoyen, « Le Harcèlement Moral », page 115).

Inhiber la pensée  critique de la victime

Lors de la phase d'emprise, la  tactique du pervers narcissique est essentiellement d'inhiber la pensée critique  de sa victime. Dans la phase suivante, il provoque en elle des sentiments, des  actes, des réactions, par des mécanismes d'injonction ou d’induction. « Si  l'autre a suffisamment de défenses perverses pour jouer le jeu de la surenchère,  il se met en place une lutte perverse qui ne se terminera que par la reddition  du moins pervers des deux. Le pervers essaie de pousser sa victime à agir contre  lui (et à la faire agir d’une façon perverse) pour ensuite la dénoncer comme «  mauvaise ». Ce qui importe, c'est que la victime paraisse responsable de ce qui  lui arrive ». (Marie-France Hirigoyen, « Le Harcèlement Moral », page  122).

Le plus dur pour la victime est de  ne pas rentrer dans le jeu, en particulier le jeux des conflits artificiels,  provoqués par le pervers.

 Tactique du harcèlement  moral pervers

 Isoler quelqu'un, refuser toute  communication, ne pas lui transmettre de consignes, multiplier les brimades, ne  pas lui donner de travail ou un travail humiliant, au contraire, lui donner trop  de travail ou un travail largement au dessus de ses compétences etc... les cas  de figure du harcèlement moral, du bizutage ou du mobbing, telles sont les tactiques du harcèlement moral, pouvant se décliner à  l’infini.

 Selon la définition la plus courante  « Le harcèlement moral est un ensemble de conduites et de pratiques qui se  caractérisent par la systématisation, la durée et la répétition d'atteintes à la  personne ou à la personnalité, par tous les moyens relatifs au travail, ses  relations, son organisation, ses contenus, ses conditions, ses outils, en les  détournant de leur finalité, infligeant ainsi, consciemment ou inconsciemment,  une souffrance intense afin de nuire, d'éliminer, voire de détruire. Il peut  s'exercer entre hiérarchiques et subordonnés, de façon descendante ou remontante, mais aussi entre collègues, de façon latérale ».

Tactiques  ultimes (sur le point d’être confondu)

Si un emballement peut conduire le  pervers narcissique à commettre des actes de violence, il évite soigneusement de  se faire « emballer » par la police et la justice. Pour cela, il maîtrise l'art  de « l'emballage » des faits dans le discours. Pour paraphraser Philinte, dans « Le Misanthrope » : « Toujours, en termes convaincants, ses dénégations sont  dites ». Acculé, il peut se faire passer pour fou, irresponsable de ses actes,  car on sait que les fous peuvent tout se permettre (article 122-1 du nouveau  code pénal).

Ajouter un commentaire

Anti-spam