C'est devant la stèle érigée à la mémoire des morts civils et militaires, toutes confessions confondues, qui reposent en terres d'Afrique du Nord, qu'une commémoration et un dépot de gerbe ont été organisés par MM. Pierson et Marco.
Ne pas oublier ce que fut le 26 mars 1962 à Alger et parler du 26 mars, c'est honorer toutes les victimes de ce jour-là pour qu'elles aient droit à leur histoire et à l'Histoire.
Le lundi 26 mars est une date emblématique qui marque un tournant dans la fin de la guerre d'Algérie et l'exode d'un million de français pour un exil imposé et douloureux. Corinne LUCCHINI, par sa présence, souhaitait montrer son soutien aux pieds noirs rognacais. Après le discours, l'ancienne 1ère adjointe, seule représentante du conseil municipal à assister à la cérémonie, a pris le temps d'écouter attentivement le récit que lui ont fait ceux qui ont vécu ce drame. Cette tuerie que les livres d'histoire ne racontent pas :
"Le 23 mars 1962, le quartier de BAB EL OUED est interdit aux forces de l'ordre. Malheureusement des coups de feu vont être échangés. Aussitôt, l'armée et la gendarmerie encerclent ce quartier, y pénètrent à grands renforts de blindés, écrasent les voitures, éventrent les devantures des magasins. Les troupes tirent sur les balcons, dans les rues, sur les façades, des maisons. Une petite fille à l'intérieur de son appartement trouve ainsi la mort. L'aviation mitraille les toits, les perquisitions se succèdent, les appartements sont saccagés. On ne sait pas combien il y a de morts. Les blessés, les malades ne sont pas soignés. Les morts ne sont pas enterrés. IL n'y a plus de ravitaillement…. BAB EL OUED est transformé en véritable ghetto.
Alors, dans un immense esprit de solidarité le reste de la population va apporter son soutien, quelques vivres et un peu d'amitié à ce quartier martyr. Une manifestation pacifique est organisée le lundi 26 mars. Ce jour-là, c'est en toute confiance que les ALGEROIS, drapeaux tricolores en tête, marchent vers BAB EL OUED. Le rendez vous est donné à la grande poste. Ils n'y arriveront jamais. Ils trouveront la mort en chemin. Il y a bien quelques barrages, mais qui s'écartent devant la foule. Rien n'est fait pour dissuader les manifestants de continuer leur marche. Le piège est bien organisé. Tout est bien prémédité. Pour un rassemblement pacifique, les autorités ont prévu qu'elles auront besoin de leur équipement de combat, de leurs casques lourds et de leurs fusils-mitrailleurs. Soudain, une longue rafale, suivie d'autres. Des militaires, conditionnés pour tuer du FRANÇAIS sont là. Bien sûr, il ne s'agit pas de l'armée qui avait choisi l'honneur, qui s'était battue pour garder l'ALGERIE FRANCAISE. Non, ce sont les autres, qui obéissent aveuglément à ceux qui ont décidé de faire comprendre par la manière forte que les pieds noirs n'étaient plus chez eux. L'armée va tirer sans sommation, ce 26 mars 1962, pendant 12 minutes.
La version officielle dira qu'il y a eut un tir venant d'une terrasse vers l'armée. Curieusement, au lieu de riposter vers le tireur embusqué sur le toit, l'armée va tirer sur les manifestants. Beaucoup se sont jetés à terre pour se protéger, d'autres se réfugient dans les immeubles mais rien n'arrête ces forcenés. Ils tirent dans le dos des manifestants qui fuient, qui se sont couchés sur le sol. Ils achèvent des blessés, vont jusque dans les immeubles, montant dans les étages pour terminer leur sinistre besogne. Peu importe que ces pauvres gens aient un drapeau bleu, blanc rouge. On tire sur les drapeaux. On tire à l'arme automatique sur tout ce qui bouge. Des pompiers sont blessés. Un médecin est assassiné alors qu'il fait son devoir, celui de porter secours. Pendant un cours instant, un petit lieutenant incapable de se faire obéir par ses hommes crie poussé par un civil : HALTE AU FEU ! Quelques secondes d'espoir, puis les tirs recommencent. Couchés sur la chaussée, certains blottis les uns contre les autres, les algérois attendent que cette folie meurtrière s'achève. Dans d'autres points d'Alger, les gendarmes mobiles tirent aussi. Dès 18 heures, on compte 62 morts du côté des manifestants, plus de 200 blessés. Beaucoup ne purent survivre à leurs terribles blessures".
Aujourd'hui, on peut lire sur les rapports militaires : incidents du 26 mars 1962. Cet incident fit une centaine de morts et plus de 200 blessés. Rien de plus !!!! On peut comprendre que l'Histoire s'écrit trop lentement pour ceux qui ont vécu ces évènements tragiques, mais fort heureusement aujourd'hui la vérité que les témoins racontent inlassablement commence à se faire jour. Cette vérité lorsqu'elle sera enfin admise et reconnue ne pourra jamais effacer l'horreur mais aura au moins le mérite de refermer cette plaie qui sans elle restera toujours à vif...